Écrire une page d’histoire
Les premiers journaux et magazines islandais publiés au Manitoba sont aujourd’hui des sources historiques extrêmement précieuses. À l’époque, leur attention se portait principalement sur l’actualité. Pourtant, au tournant du siècle, on a de plus en plus reconnu que les Islandais de l’Amérique du Nord devaient commencer à réfléchir à leur propre histoire et à la consigner.
La première publication islandaise au Manitoba qui mettait l’accent sur la préservation de l’histoire des Islandais en Amérique du Nord était l’Almanak d’Ólafur S. Thorgeirsson. Le premier volume de son Almanak annuel est paru en 1895, alors qu’Ólafur travaillait encore comme imprimeur chez Lögberg. Comme dans le cas d’autres almanachs, il comprenait un calendrier ainsi que des informations pratiques sur les réglementations gouvernementales, les affaires agricoles, des listes des principaux événements communautaires et des avis de décès.
Très tôt, Ólafur a commencé à approcher les habitants de différentes colonies islandaises pour leur demander l’histoire de leurs communautés. L’Almanak de 1899 comprenait le premier de ces récits : une histoire de la colonie de la Nouvelle-Islande soumise par Guðlaugur Magnússon. Le volume suivant, en 1900, comprenait des récits historiques des colonies islandaises dans l’île de Washington, à Muskoka, en Nouvelle-Écosse et au Minnesota.
Ólafur a publié ces récits communautaires dans le cadre d’une série d’articles périodiques intitulée « Collection of the settlement history of Icelanders in the West ». Peu après, l’Almanak a commencé à inclure des notices biographiques de colons islandais et leurs familles. Ólafur est décédé en 1937. Cependant, l’Almanak a continué à être publié jusqu’en 1954 sous la direction des fils d’Ólafur, Geir et Ólafur Sigtryggur. Richard Beck a exercé les fonctions de rédacteur en chef.
L’Almanak est sans doute la meilleure source sur l’histoire des Islandais en Amérique du Nord publiée au Manitoba. Cependant, plusieurs autres livres d’histoire ont été publiés au fil des ans. Les années 1920, par exemple, ont vu la publication de Saga Íslendinga í Norður-Dakota de Thorstína Jackson et de trois livres de Þorleifur Jóakimsson sur l’histoire de la Nouvelle-Islande. De nombreux livres publiés en Islande à cette époque indiquent que les lecteurs islandais s’intéressaient également au sujet.
Un autre livre remarquable à vocation historique est Minningarrit íslenzkra hermanna, 1914-1918. Cet ouvrage comprend plusieurs essais et des centaines de courtes biographies commémorant les Islandais de l’Amérique du Nord qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale. Il a été publié par la section Jón Sigurðsson de l’Ordre impérial des filles de l’Empire.
La communauté islandaise de l’Amérique du Nord s’est mise à réfléchir plus profondément à son histoire commune d’environ 20 ans, soit une génération, après l’arrivée des premiers migrants islandais. L’industrie de l’édition islandaise au Manitoba s’est avérée essentielle à cet effort communautaire collectif. Au moyen de son Almanak, Ólafur S. Thorgeirsson a ouvert une voie particulièrement précieuse que d’autres ont pu suivre.






