Extrait audio d’une entrevue avec Olga Skaftfeld, 1989

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Audio : « Les Islandais de Winnipeg » – Olga Skaftfeld, bande 1 de 2, 5 mars 1989, Fonds de l’Icelandic Canadian Frón, Archives du Manitoba (1990-204)
Biographie : Olga Skaftfeld est née à Winnipeg, au Manitoba, le 17 janvier 1917. Ses parents étaient Leifur Oddsson de Winnipeg, au Manitoba, et Helga Vilhjálmsdóttir, de Húsavík. Sa belle-mère était Asta Austmann Oddson de Winnipeg, au Manitoba. Olga est décédée le 22 octobre 1997.
Durée de l’extrait audio : 2:43
Transcription audio :
Laurence Gillespie, intervieweur : Que pensait ta mère du droit de vote ou des questions relatives aux droits des femmes?
Olga Skaftfeld : Oh, là, vous avez ouvert la boîte de Pandore. Et ma plus jeune sœur vit toujours sous cette influence. Mais elle était très, très forte par rapport à ces questions. Et, à bien des égards, elle regrettait d’être une femme parce que les femmes étaient méprisées à cette époque. Ce n’était que l’année de ma naissance que… les femmes du Manitoba ont obtenu le droit de vote, ici avant les autres provinces.
Laurence Gillespie : Comment pouvais-tu savoir que ta mère était de cet avis?
Olga Skaftfeld : D’abord, elle était enseignante et, surtout après la Seconde Guerre mondiale, elle enseignait aux, comment les appelle-t-on, les anciens combattants qui étaient de retour.
Laurence Gillespie : Après la Seconde Guerre mondiale.
Olga Skaftfeld : Ouais, elle enseignait l’anglais à l’école secondaire. Mais elle n’était pas payée au même niveau que l’enseignant masculin.
Laurence Gillespie : Y avait-il une réelle différence?
Olga Skaftfeld : Oui, même à cette époque. Et c’est encore le cas aujourd’hui.
Laurence Gillespie : Te souviens-tu d’autres incidents où ta mère est devenue victime en raison de son sexe?
Olga Skaftfeld : Non. C’est vrai qu’elle a été victime à certains égards, mais elle a élevé ses enfants aussi bien que tout homme aurait pu le faire.
Laurence Gillespie : Comment décrirais-tu le point de vue de ton père sur le droit de vote?
Olga Skaftfeld : Je ne sais pas, je n’ai jamais entendu son opinion; j’ai seulement entendu celle de mon grand-père parce que, quand il est arrivé en 1888, il a été horrifié d’apprendre que sa femme n’était pas considérée comme une personne, qu’elle était un bien d’appropriation. Donc, je suppose que mon père était pareil.
Laurence Gillespie : Il a peut-être donc hérité les points de vue de son grand-père.
Olga Skaftfeld : Je crois que oui parce que ce n’était pas connu en Islande. J’ai été grandement encouragée par un article que j’ai lu dans un journal islandais à propos de quelqu’un qui avait visité l’Islande et qui avait écrit un petit article à ce sujet. Les dames là-bas avaient dit : « J’ai entendu dire qu’au Canada, elles doivent prendre le nom de leur mari. Moi, je ne ferais jamais ça. » J’ai aussi un peu de cette même attitude parce que je ne voulais pas laisser de côté mon nom.
Laurence Gillespie : Est-ce que c’était difficile de garder ton nom à cette époque?
Olga Skaftfeld : Oui, je me suis mariée en 1937. Cela aurait été mal vu par mon mari et sa famille. Mais je ne voulais pas changer mon nom. Je ne voyais aucune raison de le faire. Mon mari n’a pas été obligé de changer de nom. Il n’a eu aucun besoin de changer de nom.